Page:Foucher - La Vie du Bouddha, 1949.djvu/91

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prince dont la principale distraction était de se donner quotidiennement l’opéra à domicile. C’est ainsi que de nos jours encore les râdjas de l’Inde avaient à leur cour un corps de ballet et un orchestre féminins, avant que la pudeur britannique ne s’en alarmât et que le résident anglais n’insistât pour les remplacer par une « band » de musiciens à l’européenne. Si les idées modernes ou les questions budgétaires doivent amener également la disparition de la troupe de danseuses du roi du Cambodge, on pardonnera à ceux qui ont goûté le charme de leur mimique d’exprimer la crainte que l’art n’y perde plus que la morale n’y gagnera. Bref, nous refusons de nous scandaliser à propos de la vie mondaine du Bodhisattva ; mais nous ne consentons pas davantage à y chercher bon gré mal gré un sujet d’édification ; et nous persistons à croire que nous n’en comprendrons pas moins bien, le moment venu, les raisons intimes de sa vocation religieuse.