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Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/115

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hiver et été, et quelques-uns d’entre eux, curieux de voir ce que faisait Bragincour dans sa chambre, avaient observé, quoique fort confusément par le trou de la serrure, qu’aussitôt qu’il était levé il faisait du feu et se frottait, ce leur semblait, avec une serviette chaude tout nu depuis le haut jusqu’en bas.

Un jour donc qu’ils l’entendirent lever et souffler le feu, ils lièrent le ramoneur avec une corde par-dessous les aisselles, le guindèrent jusqu’à l’embouchure du tuyau de communication, lui mirent la baguette à la main et le laissèrent glisser tout d’un coup dans le foyer du page, qui se frottait tout nu à son ordinaire, qui fut tellement épouvanté à l’aspect d’un si hideux objet qu’il prit pour le diable, qu’il tomba à la renverse, évanoui de peur, sans que le ramoneur, que les pages retirèrent, eût besoin de lui donner aucun coup.

Angélique, Bragincour, dis-je, demeura pâmé en cet état plus d’une heure. Ses camarades s’étant rendus au lieu des premiers exercices, et ce page favori ne s’étant point rencontré avec les autres, leur gouverneur alla lui-même frapper à sa chambre, de peur qu’il ne lui fût survenu quelque indisposition.