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Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/50

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CHAPITRE X

Le canapé vendu à une dévote, les peines et les mortifications qu’il essuie à son service.


Je vous ai déjà dit que mon dernier exercice de chez la Fillon m’ayant réduit dans un état qui faisait pitié, il n’était pas possible que je demeurasse longtemps où la fatigue était si grande : aussi me vendit-on bientôt. Ce fut une dévote qui m’acheta ; cela me faisait une condition tranquille, à la vérité, mais ennuyeuse au delà de toute expression.

Ma très révérende et dégoûtante maîtresse me fit placer dans sa chambre, de sorte que j’avais l’avantage d’être toujours en sa présence et celui de l’entendre faire ses oraisons. Tout son train et sa compagnie ordinaire consistaient en une idiote de servante, un chat, un chien et un vieux directeur qui l’aidait charitablement à médire de son prochain et à manger son revenu.