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Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/65

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Il y avait à peine un mois que la mère de cette fille avait pris le petit deuil, l’année depuis la mort de son mari étant expirée, quand, rentrant dans le monde, ses grands biens lui attirèrent encore les yeux de plusieurs prétendants. Un de ceux-ci, qui recherchait plutôt son bien que sa personne, et dont elle devait considérer la naissance et la bonne mine, l’ayant flattée un jour d’être encore jeune, elle crut que ce serait le devenir en effet, que d’éloigner d’elle une fille de dix-neuf ans, dont l’âge démentait les sentiments de ce flatteur intéressé, et dont les charmes naissants effaçaient les restes d’une beauté plâtrée.

Cette mère eut d’abord toutes les peines du monde à porter Angélique à la retraite. Cette belle voyait les compagnies et vivait, depuis quelque temps que sa mère avait choisi Lyon pour le lieu ordinaire de sa résidence, dans cette liberté honnête dans laquelle sont élevées en France la plupart des personnes de qualité.

Quelques promesses avantageuses que cette dame pût faire à sa fille, elle ne pouvait lui inspirer l’amour de la solitude. Angélique voyait un cavalier à qui elle faisait ses confidences, qui lui suggérait bien d’autres sentiments, et qui,