Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/106

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en Portillons, & se disputent l’honneur de faire le mieux claquer leur fouet. Ils sont toujours environnés d’une foule innombrable de Peuples, qui, prêtant sérieusement l’oreille à ce désagréable bruit, semblent y trouver quelque chose de mélodieux & d’harmonieux. Cela paroît d’abord bizarre, & pourtant rien n’est plus naturel. Comme les voitures roulantes, ni les chevaux, ne sauroient être d’aucun usage à Venise, le commun des Habitants n’en a qu’une notion très-imparfaite, & l’on peut dire, sans être hyperbolique, qu’il y a nombre de Vénitiens qui n’ont jamais vu ni cheval ni carrosse. Or, il n’est pas étonnant que le claquement d’un fouet, instrument tout-à fait étranger à leurs oreilles, ait pour eux le mérite de la nouveauté. Tel est le foible de l’esprit humain, que les choses les plus simples, qui ne lui sont pas familières, le frappent & fixent son admiration, tandis que les plus merveilleuses, auxquel-