Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/111

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blablement elle n’en a pas de moins solides, pour souffrir qu’un tas de gueux osent faire du Palais Ducal un Privé commun. On conviendra qu’il est bien choquant de voir de magnifiques escaliers de marbre éternellement remplis d’ordures.[1] Mais, toute réflexion faite, où est-ce que le bas Peuple n’abuse pas de la bonté de ses Supérieurs ? À ces petites irrégularités près, Venise est, sans contredit, l’endroit du monde où l’on peut le plus agréablement tirer parti de la vie. Une des grandes commodités de ce séjour délicieux, & que j’approuve fort, quoique je ne sois pas autrement salope, c’est de pouvoir avec décence y frauder les droits de la Blanchisseuse & du Barbier à la faveur du masque & du manteau.

On trouvera peut-être bien étrange que j’aye vécu dans une Ville aussi char-

  1. La propreté n’est pas la vertu favorite des Italiens en général. Tous les beaux & superbes monuments de Rome sont profanés de la même manière.