Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/149

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Martyrs. Un béat Espagnol, qui étoit là présent comme moi, ayant demandé à voir ce précieux trésor, on lui répondit gravement qu’on ne le découvroit qu’aux Souverains. Je ne fus pas fâché qu’il ne s’en trouvât point dans la compagnie.

Il n’est pas aisé de se former une juste idée du désagrément qu’il y a de voyager en Espagne, sans l’avoir éprouvé par soi-même. J’arrivai à Madrid après quinze jours de marche, exténué de fatigues, presqu’affamé, demi-rôti, & dévoré de vermines. Je vis une belle & grande Ville, bien percée, mais dont les rues sont d’une mal-propreté insupportable. Quand il fait un temps humide, on y nage dans l’ordure ; quand il fait beau, on y est suffoqué par une poussiere infecte dont l’air est quelquefois obscurci. Il y en a qui prétendent que les mauvaises odeurs sont un sûr préservatif contre la peste : cela étant, les Espagnols & les Portugais n’ont rien