Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/154

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J’ai connu une Dame de la meilleure foi du monde à cet égard. On nous accuse, disoit-elle un jour, d’être dissimulées ; à qui en est la faute, si ce n’est aux hommes ? Y a-t-il rien de plus injuste & de plus ridicule que les loix qu’ils nous imposent ? Toutes ces règles de bienséance, cette retenue, cette modestie auxquelles ils nous assujettissent, sont-elles praticables ? S’il est vrai que nous soyons pétries de même pâte qu’eux, comme nos passions & nos appétits le démontrent assez, n’est-il pas bien bizarre qu’ils veuillent nous forcer à vaincre une nature à laquelle ils sont incessamment obligés de céder ? Telle est donc notre condition, que ne pouvant point obéir à nos tyrans, nous sommes contraintes d’avoir recours à la fourbe & au déguisement pour leur repos & pour le nôtre. Ils nous veulent modestes, chasses, discretes, pieuses : nous prenons le masque de tout cela, au moyen de quoi ils sont contents & nous