Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/50

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à-dire, qu’à la rigueur il n’y a point d’honnêtes gens. Quelle infamie ! se récrieront la plupart de mes Lecteurs. Peut-on avancer un paradoxe aussi téméraire ? il n’y a point d’honnêtes gens ! & qui sommes-nous donc ? Je l’ai déjà dit ; qu’est-il besoin de le répéter ? Miséricorde ! continueront-ils : que seroit-ce des Principes & de la Morale, si on admettoit une semblable opinion ? Je réponds à cela que les principes & la Morale n’en existeroient pas moins, & qu’ayant été fondés nécessairement à l’occasion de la méchanceté des hommes, ils ne sauroient jamais manquer. Ce n’est pas le but des loix & de la bonne discipline de changer l’ouvrage de la Nature & de refondre nos cœurs ; leur intention seulement est de nous empêcher de nous livrer à nos criminels penchants. On ne rend personne responsable de son mauvais fonds, mais de ses mauvaises actions. Ce qui nuit à la société, c’est l’accomplissement du mal,