Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/55

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dres souillures de l’ame. Quoiqu’il en soit, il y a environ deux siècles qu’un couple d’Empiriques, l’un nommé Martin, l’autre Jean, par jalousie de métier, décrièrent ses drogues, & distribuerent les leurs avec tant de succès, qu’ils lui enlevèrent la moitié de ses pratiques. Tout le bien que ce partage a opéré, c’est qu’auparavant il falloit prendre ou de force ou de gré ses paquets, & que l’on a maintenant la liberté du choix.

Cet Enchanteur a un tic fort singulier lorsqu’il paroît en Public ; c’est de fendre & de chasser continuellement l’air avec deux doigts, comme si les mouches l’incommodoient. Néanmoins ayant prévu le ridicule qu’une semblable habitude pourroit répandre sur sa personne, il a fait insinuer au Peuple que c’est aux Esprits de Ténèbres qu’il en veut, & non pas aux mouches : ce qui a donné un si grand crédit à ses gesticulations, que chacun se pros-