Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/62

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que l’œil s’y méprend & les croit faits au pinceau. La première fois que je vis ceux de saint Pierre, je m’y trompai ; & ce ne fut qu’après qu’on m’eût averti, & que je les eus considérés plus attentivement, que je reconnus mon erreur.

Que ceci suffise pour faire connoître que je ne suis pas de ces enthousiastes qui décrient tout ce qui n’est point du vieux temps, & ne jugent de l’excellence des choses que par leur date. Combien de gens payent cher cette ridicule manie ! On me montra à Rome un Antiquaire qui avoit acheté deux cents sequins une prétendue médaille d’Othon, entièrement méconnoissable & rongée de ver-de-gris. Celui qui la lui avoit vendu étoit Graveur. Quoiqu’il fût très-habile homme, il avoit le défaut d’être moderne : c’en étoit assez pour qu’on fît peu de cas de ses ouvrages ; de façon qu’avec beaucoup de talents le pauvre diable mouroit de faim. La nécessité lui inspira un moyen de se venger