Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

appris ! Il n’y a, pour le malheur des oreilles délicates, que trop d’impertinents de cette espece dans le monde. Je le confesse à ma honte ; j’ai souvent mérité une pareille épithete. Au reste, il est peu de voyageurs qui ne soient dans le même cas. On aime naturellement à parler ; des sots écoutent avec complaisance : cela donne du courage à l’Orateur ; les applaudissements le flattent ; il se laisse entraîner au plaisir de tenir le dez dans la conversation ; il s’y habitue bientôt ; enfin, il prend un ton avantageux indistinctement avec les gens raisonnables ainsi qu’avec les imbécilles, & finit par être le fléau & la bête noire des sociétés. Concluons delà que les voyages font généralement plus de mal que de bien ; & qu’à moins d’être doué de ces heureuses dispositions que la Nature avare n’accorde qu’à ses élus, on court risque de revenir dans sa Patrie un peu plus ridicule qu’on n’en étoit sorti. Qu’un sot aille d’un Pôle à l’au-