Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/76

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vent le cueillir à la dérobée. C’est par une politique si bien entendue que les Reclus de l’un & l’autre sexe goûtent des joyes presque célestes, tandis que les gens du siècle, énervés & languissants, agonisent d’ennui au sein même des voluptés.

Je ne puis m’empêcher de citer ici, pour exemple des feux dévorants que recele la Robe monacale, une aventure qui m’arriva en Flandres. Je me trouvai un jour seul avec deux Religieuses dans le carrosse de St.... à B.... L’une étoit une vieille ratatinée presqu’aveugle, qui grommeloit ses Agnus, & roupilloit alternativement ; l’autre un Tendron de dix-huit ou vingt ans, d’une figure charmante, & douée de tous les appas dont les Nonnains sont d’ordinaire pourvues ; c’est-à-dire, qu’elle avoit un teint frais & reposé, mêlé de roses & de lis, ni trop, ni trop peu d’embonpoint, les plus beaux yeux du monde, d’où s’échappoient les regards