Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/85

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pouillé du préjugé national à cet égard.

Les Italiens sont sans contredit les seuls qui sachent tirer parti de leurs gosiers ; ce qu’ils doivent indubitablement à la douceur de leur langue : car il seroit absurde de croire que la nature leur eût donné le goût du chant exclusivement à tout autre Peuple. On ne manque ni de goût ni d’intelligence en France, & cependant l’on n’y sait point chanter. D’où cela peut-il venir, sinon du défaut réel de l’Idiôme ? Ce qu’il y a de constamment vrai, c’est que, de toutes les Nations de l’Europe, la Nation Françoise est celle qui fait le plus de bruit, & touche le moins en chantant.

Heureusement elle se suffit à elle-même, & se met peu en peine des applaudissements du dehors. La célèbre Mademoiselle Le Maure avoit assurément le plus beau son de voix du monde ; mais elle n’étoit jamais plus applaudie que lorsqu’elle crioit de toutes ses for-