Aller au contenu

Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prévenances que je lui marquai pendant le souper : & lorsqu’il se retira, je lui dis, en le regardant avec des yeux où l’on auroit juré qu’il y avoit de l’amour, que je l’attendois le lendemain entre dix & onze pour prendre du chocolat avec moi. (C’étoit précisément le tems où je voulois faire le premier essai de sa générosité). Il fut si ponctuel que j’étois encore couchée quand on vint me l’annoncer. Je pris à la hâte une robe de chambre ; & n’ayant point à craindre, comme la plupart de nos Demoiselles, de me montrer sans avoir substitué l’art à la nature, & m’être forgé des appas de toilette, je le reçus dans un négligé des plus simples : néanmoins avec toutes les grimaces & les lieux communs d’usage en ces sortes d’occasions.

« Cela est fort joli, Mr. le Baron, de surprendre ainsi les gens. Eh ! mais, mon Dieu ! quelle heure est-il donc ? Sûrement votre montre avance : il ne sauroit être si tard. Miséricorde !