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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/14

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de mes compagnons de couche. Quelquefois ils se trémoussoient d’une maniére si vigoureuse, que l’élasticité du chalit me forçoit à suivre tous leurs mouvemens. Alors ils poussoient de gros soupirs en articulant à voix basse les mots les plus tendres que la passion leur suggérât. Cela me mettoit dans une agitation insupportable. Un feu dévorant me consumoit : j’étouffois ; j’étois hors de moi-même. J’aurois volontiers battu ma mere, tant je lui enviois les délices qu’elle goutoit. Que pouvois-je faire en pareille conjoncture, sinon de recourir à la récréation des solitaires ? Heureuse encore dans un besoin aussi pressant de n’avoir pas la crampe au bout des doigts. Mais, helas ! en comparaison du réel & du solide, la pauvre ressource ! & qu’on peut bien l’appeller un jeu d’enfant ! Je m’épuisois, je m’énervois en vain ; je n’en étois que plus ardente, plus furieuse. Je pâmois de rage, d’amour & de désirs : j’avois, en un mot, tous les