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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/145

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du bel esprit, je n’en suis redevable qu’à ses conseils. C’est lui qui m’ayant ouvert les yeux sur le peu de valeur & la petitesse de nos frêlons du Parnasse, m’a fait connoître que le véritable esprit étoit un feu pur & divin ; un don du Ciel qu’il n’étoit pas au pouvoir des hommes d’aquerir ; qu’il falloit bien se garder de confondre les génies heureux doués de ce feu sacré, avec cette multitude méprisable de petits Ecrivains qualifiés du sobriquet de bel esprit ; qu’un pareil titre étoit regardé chez les honnêtes gens, comme une espéce d’opprobre ; & que, quoique la profession des Lettres fût la plus noble de toutes, il étoit presque honteux de les cultiver aujourd’hui, à cause du mauvais renom que ces insectes leur avoient donné dans le monde. « Vous ne devineriez pas, me dit-il un jour, pourquoi Paris est infecté de cette maudite engeance. C’est que le métier n’exige ni esprit, ni talens. Pour vous en convaincre, faites appren-