alors d’avoir fait une conquête de cette importance. Quel triomphe flatteur pour ma vanité ! & que je m’imaginois de satisfaction de voir à mes pieds une personne, qui, par son adresse à ménager les esprits, par la sagacité de ses lumiéres & une parfaite connoissance des interêts divers des Souverains, peut de son cabinet changer tout le sistême des affaires de l’Europe, & contribuer également au bien général & à la gloire de sa Patrie ! Tel étoit le tableau favorable que je me faisois de Mr. l’Ambassadeur avant de l’avoir vu. Je ne doutois pas qu’il ne joignît à ces rares & sublimes talens, mille autres belles qualités, ne concevant pas que l’on pût jamais remplir des emplois de cette conséquence, sans être doué d’un génie supérieur. Ce qui me confirma sur-tout dans la haute idée que je m’en étois faite, ce fut la façon singuliére dont il s’y prit pour traiter avec moi. Notre accord se fit par voies de négociations. Des Agens secrets vinrent
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