Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/33

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n’avez-vous jamais obligé personne ? Qui, moi, Madame, lui répondis-je d’un ton hipocrite ? & qui aurois-je pu obliger dans la triste condition où j’ai été jusqu’à présent ? Vous ne m’entendez pas, reprit-elle : il faut vous parler plus intelligiblement. Avez-vous encore votre pucelage ? À cette question inattendue, le rouge me monta au visage, & je fus un peu décontenancée. Je vois bien, dit-elle, que vous ne l’avez plus. N’importe, nous avons des pommades miraculeuses ; nous vous en referons un tout neuf. Il est pourtant bon que je sache par moi-même l’état des choses : c’est une cérémonie qui ne doit pas vous faire de peine. Toutes les Demoiselles qui se destinent au monde, subissent indispensablement un semblable examen. Vous sentez bien que le Marchand est obligé de connoître sa marchandise. En me prêchant ainsi, Madame Florence m’avoit déja troussée au-dessus des hanches. Je fus virée & revirée de tout sens : rien n’é-