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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/51

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diction des Commissaires. Mais que sert la prudence humaine quand le sort se déclare contre nous ! L’envieuse calomnie vint ruiner la paix de ma solitude, & renverser mes projets au moment que je m’y attendois le moins.

Parmi les débauchés honteux que je recevois discrétement chez moi, il s’en trouva un qui dans sa mauvaise humeur, voulut me rendre responsable de certaine indisposition critique qui lui étoit survenue tout-à-coup. Je reçus ses reproches avec hauteur. Il le prit d’un ton plus haut, & me traita d’une façon si scandaleuse, que deux ou trois vieilles Catins du voisinage, jalouses de mes petits succès, furent flétrir ma réputation à la Police, & firent si bien, qu’une belle soirée je fus enlevée & conduite à Bicêtre. La premiére cérémonie qu’il m’y fallut essuyer, fut d’être examinée & patinée par quatre ou cinq Carabins de Saint-Côme, lesquels concluant, d’une voix unanime, que j’avois le sang vitié, me