Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/63

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diable, en effet, ne m’auroit pas reconnue sous ce travestissement burlesque. J’étois si défigurée, que je ressemblois moins à une fille qu’à un de ces pauvres Ibernois grêlés, qui tirent leur subsistance quotidienne de leurs messes. On ne devineroit pas où mon nouveau maître me conduisit. Dans la rue Champ-fleuri, au cinquiéme étage, chez une nommée Madame Thomas, crieuse de vieux chapeaux. Cette honnête personne avoit été quelques années auparavant gouvernante du Chanoine. Elle s’en étoit séparée pour épouser un porteur d’eau du quartier ; lequel avoit passé de cette vie à l’autre peu de tems après les épousailles : & comme il n’avoit assigné de préciput à la susdite Madame Thomas, que sur les brouillards de la riviére, son unique domaine, elle s’étoit enrôlée par besoin dans le Corps des Revendeuses de vieilles nipes. Enfin, ce fut à la garde de cette vénérable Bourgeoise que mon Prêtre me confia, en atten-