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Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/78

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coups de croupe précipités que je lâchai sans interruption, ne la laisserent pas douter que je ne fusse extrêmement satisfaite de son procédé.

Le Frere inébranlable sur ses arçons, répondit à tous mes mouvemens par des secousses si vives, qu’en toute autre occasion, j’aurois tremblé que le plancher ne s’abîmât sous nous : mais le plaisir m’avoit rendue intrépide. Le feu eût été à la maison, que je ne m’en serois nullement inquiétée ; tant il est vrai qu’il y a des instans où les femmes sont bien courageuses. Je ne me souviens pas d’avoir été de mes jours si mutine dans le déduit : & il ne falloit pas moins qu’un champion tel que le Frere Alexis pour triompher de la fureur de mes transports. J’étois une vraie démoniaque. J’avois croisé mes jambes par-dessus ses jarrets, & lui serrois si étroitement les reins de mes deux bras, qu’on m’auroit plutôt mise en piéces que de me faire quitter prise. La gloire de me vaincre n’étoit reser-