Page:Fougeret de Monbron - Margot la ravaudeuse.djvu/97

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voir tenir mon rang parmi nos principales Sultanes, & occuper comme elles une chaise[1] au bord de l’orquestre, la jambe nonchalanment croisée sur le genou. Il faisoit froid alors. Jamais on ne se montra dans un négligé plus fastueux & plus imposant. Mollement enveloppée sous l’hermine & la marte zibeline, j’avois les pieds dans une boîte couverte d’un velours cramoisi, doublée de peau d’Ours, dont une boule d’étain pleine d’eau bouillante, augmentoit la chaleur. Dans cet orgueilleux appareil, je faisois d’un air distrait des nœuds avec une navette d’or. Quelquefois je regardois à ma montre, & la faisois sonner. J’ouvrois toutes mes tabatiéres l’une après l’autre, & me portois de tems en tems au nez un superbe flacon de cristal de roche pour des vapeurs que je n’avois pas. Je me panchois pour dire des riens à mes compagnes, afin que les

  1. C’est à cette distinction que l’on reconnoit celles qui sont entretenues.