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Compatriote distribuât toujours aussi judicieusement ses louanges, & que le seul mérite en fût toujours l’objet. C’est avilir son encens que de le faire fumer pour ceux qui n’en sont pas dignes. On ne sçaurait rien ajouter aux traits sublimes dont il a peint M. Pope. Le juste tribut qu’il paye aux talens de M. Addisson & du Doyen Swift fait l’éloge de son discernement : mais ne peut-on pas lui reprocher de prostituer sa plume, lorsqu’entraîné par la fantaisie de trouver tout admirable, il loue indistinctement ce qui s’offre à son imagination, & nous donne pour de grands Poétes Milord Halifax, les Ducs de Buckingham & le Comédien Cibber ?

Si nous prenions la peine d’inscrire dans nos fastes littéraires tous les Grimauds & les Roquets qui ont essayé d’avoir commerce avec les Muses, les beaux esprits seroient trop communs en