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Page:Fouillée - Descartes, 1893.djvu/107

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CHAPITRE II

LA PENSÉE ET SON RAPPORT AVEC LA MATIÈRE


I. — Passons maintenant aux conséquences idéalistes que Descartes a tirées de son cogito relativement à l’âme, à Dieu, à la matière, et demandons-nous ce que la philosophie actuelle peut en conserver.

Ce qui importe dans l’analyse du cogito et de ses conséquences, c’est de ne pas affirmer « au delà de notre intellection », comme dirait Descartes. Soumettons donc à l’examen les deux termes extrêmes : le je et le suis, l’idée du moi et l’idée de l’existence. Le problème est capital, puisque c’est ici notre moi qui est en question. Je pense, qu’est-ce à dire ? Si le fait de la pensée ou de la conscience est indéniable, le moi est-il aussi indéniable ? Ne faudrait-il point se contenter de dire : Je pense, donc il y a de la pensée, sans prétendre poser un moi qui est peut-être illusoire ? — Certes, si vous entendez par moi autre chose que votre pensée même, vous n’avez pas le droit d’introduire ce nouveau personnage. Mais si vous prétendez que la pensée m’apparaît détachée,