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CHAPITRE V

L’EXISTENCE DE LA MATIÈRE


I. — Après que Descartes a établi l’ « inébranlable », c’est-à-dire notre pensée et l’idée de l’être nécessaire, il ouvre sa dernière méditation par ces paroles d’un superbe idéalisme : « Il ne me reste plus maintenant qu’à examiner s’il y a des choses matérielles !

» La question peut surprendre ceux qui n’ont jamais réfléchi. Et cependant, pour la philosophie contemporaine comme pour Descartes, quel est le seul monde qui nous soit immédiatement donné ? — Un monde idéal, composé uniquement, comme dit Schopenhauer, de représentations dans notre tête. La « mathématique universelle », par l’ordre intelligible qu’elle y introduit, en fait un monde vrai ; mais, allant au delà, nous prétendons juger d’un monde réel, c’est-à-dire existant indépendamment de notre représentation. De quel droit ? Voilà ce que les modernes se demandent depuis Descartes. Dans la vie pratique, rien de plus simple,