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DESCARTES.

universelle » ; puis, dans cette mathématique il crut découvrir le secret de la nature entière. C’est ce que nous apprend la lecture du Discours de la Méthode ; c’est ce que confirme son épitaphe, écrite par un de ses amis les plus intimes, Chanut : « Dans le loisir de l’hiver, comparant les mystères de la nature avec les lois de la mathématique, il osa espérer qu’une même clé pourrait ouvrir les secrets de l’une et de l’autre ». Dans ses Olympiques, Descartes disait que « le 10 novembre 1619, rempli d’enthousiasme, il avait trouvé les fondements d’une science admirable ». C’était la méthode d’analyse et de synthèse universelle, avec la réduction de l’algèbre, de la géométrie et de la mécanique à une seule et même science, celle de l’ordre et des proportions. Pendant la nuit suivante il eut trois songes, qu’il interpréta, avant même d’être éveillé, comme des révélations de l’esprit de vérité sur la voie qu’il devait suivre : Quod vitæ sectabor iter ? Car il avait l’imagination ardente, une sorte d’exaltation intérieure qui allait, dit Voltaire, jusqu’à la « singularité », mais que contenait la raison la plus ferme peut-être qu’ait montrée un philosophe.

Dans une de ses notes, il écrit au sujet de ce jour décisif, par reconnaissance pour ce qu’il croyait être une inspiration divine : « Avant la fin de novembre, j’irai à Lorette et je m’y rendrai à pied de Venise ». L’hiver n’était pas encore bien achevé qu’il se remit à voyager.

II. — Ce n’est point sans raison qu’on a distingué