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DESCARTES.

raisons », la recherche des fins est « inepte ».

Bacon avait énuméré les erreurs et « idoles », mais le grand iconoclaste qui les a brisées, c’est Descartes.

Comme il n’y a qu’une intelligence « qui est toujours la même » et une vérité qui ne change pas, il ne peut y avoir, selon Descartes, qu’une méthode. Laquelle ? Pour le savoir, Descartes se demande, comme fera Kant, dans quel ordre de connaissances on trouve ces deux signes : clarté de l’évidence et progrès incessant des découvertes. Même réponse pour Descartes et pour Kant : ce sont les mathématiques. Donc la méthode mathématique doit « envelopper » la vraie méthode, non parce qu’elle est mathématique (ce qui importe peu), mais parce qu’elle est l’intelligence procédant selon ses vraies lois. Raisonnez sur toutes choses avec le même souci des règles que le mathématicien, et vous raisonnerez juste. La méthode se ramène à chercher en tout, par l’analyse, l’élément irréductible et « simple », ou, au sens tout scientifique, l’ « absolu ». Cet élément « clair » en lui-même et « distinct » du reste entraîne l’ « évidence ». Après quoi, il faut recomposer la réalité par synthèse, « en supposant de l’ordre là même où nous n’en apercevons pas ». « Le secret de la méthode consiste à chercher en tout ce qu’il y a de plus absolu », puis à faire voir comment les éléments irréductibles, en se combinant, composent les autres choses. La caractéristique de la méthode cartésienne, qui est la méthode moderne,