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LA PHYSIOLOGIE MÉCANIQUE.

nait la fuite. Descartes compare les nerfs « aux tuyaux des machines de ces fontaines », les muscles et tendons aux « divers engins et ressorts qui servent à les mouvoir », le fluide nerveux « à l’eau qui les remue ». Les objets extérieurs, « qui par leur seule présence agissent sur les organes des sens, et qui, par ce moyen, déterminent des mouvements en diverses façons, sont comme les étrangers qui, entrant dans ces grottes, causent eux-mêmes, sans y penser, les mouvements qui s’y font en leur présence ; car ils n’y peuvent entrer sans marcher sur certains carreaux tellement disposés qu’ils amènent tel ou tel mouvement ». L’âme raisonnable est le « fontainier », qui se rend compte de tout.

Descartes eut le tort de déclarer inutile l’existence d’une conscience chez les animaux. Mais cette théorie même de l’animal-machine, qu’il n’a pas soutenue sans hésitation ni restriction, provoqua des discussions fécondes : elle passionna Mme de Sévigné et La Fontaine ; elle fut utile pour faire comprendre le caractère exclusivement mécanique de toutes les fonctions corporelles, même chez l’homme, à plus forte raison chez les animaux. Dans l’homme, l’automate corporel est certainement lié, selon Descartes, à un automate sentant et pensant ; dans l’animal, Descartes se contente de poser, comme seul certain, l’automate corporel. Par là, il manque à toutes les lois de l’analogie ; mais c’est là une erreur de psychologue, non de naturaliste. Descartes demeure le fondateur de la physiologie moderne.