Il a manqué à l’infortuné Nietzsche ce que Socrate
appelait la grande science, — celle de l’amour. Nietzsche
a d’ailleurs ignoré une moitié de l’humanité, la femme.
« Je n’ai pas trouvé chez lui, dit sa sœur, la moindre
trace d’une passion amoureuse. Toute son activité était
employée aux choses de l’esprit et, pour le reste, il
n’avait qu’une curiosité toute superficielle. Lui-même,
plus tard, parut souffrir beaucoup de n’avoir pu
éprouver une passion d’amour. » Ce n’est pas seulement son
cœur, selon nous, c’est son intelligence qui en souffrit,
c’est sa philosophie tout entière, ignorante de l’éternel
féminin, qui est aussi l’éternel charme, l’éternelle
douceur et l’éternelle bonté. S’il avait aimé, s’il avait été
aimé, ce nouveau Moïse ne serait pas descendu de la
montagne avec cette table de la loi : « Soyez durs »