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LIVRE QUATRIÈME

LA RELIGION DE NIETZSCHE

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Celui qui espérait être le plus irréligieux des hommes, celui qui allait disant : « J’ai tué Dieu », n’a-t-il point été lui-même le grand prêtre d’une religion et l’adorateur d’une divinité nouvelle ? Sa philosophie est poésie et mythologie ; par là elle ressemble à tous les mythes que l’humanité a vus naître. Sa philosophie est foi sans preuves, chaîne sans fin d’aphorisme, d’oracles, de prophéties, et par là encore elle est une religion. L’antéchrist du siècle expirant s’est cru un nouveau Christ, supérieur à l’autre, et c’est en exprimant cette foi en lui-même qu’il s’est englouti dans la grande ombre intellectuelle !

Nous nous demanderons quelle est la valeur des principaux dogmes de sa religion : négation de l’idéal chrétien, attente de la venue du Surhomme, retour éternel des mêmes destinées, culte apollinien et dionysien de la Nature.

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