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NIETZSCHE ET L’IMMORALISME




INTRODUCTION

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CHAPITRE PREMIER

l’immoralisme et l’individualisme absolu de stirner.



I. — Selon Stirner, ce n’est pas l’homme qui est la mesure de tout, c’est le moi. Stirner croit trouver le vrai point d’appui universel dans la conscience individuelle, dans ce moi toujours présent, qui se retrouve en toute pensée. Feuerbach avait proposé l’Homme à notre adoration ; c’est là, répond Stirner, un nouvel Être suprême ; l’Homme n’a aucune réalité ; tout ce qu’on lui attribue est « un vol fait à l’individu ». Feuerbach avait dit : Le Dieu dont parle Hegel après Platon n’est autre chose que l’Homme.— Mais l’Homme lui-même, répond encore Stirner, est « un fantôme, qui n’a de réalité qu’en Moi et par Moi » ; l’humain n’est qu’ « un des éléments constitutifs de mon individualité et est le mien », de même que « l’Esprit est mon esprit et que la chair est ma chair ». Je suis le centre du monde, et le monde (monde des choses, des hommes et des idées) « n’est que ma propriété », dont mon égoïsme souverain use selon son bon plaisir et selon ses forces. Ma propriété est ce qui est en