Page:Fouqué - Les Tremblements de terre.djvu/264

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s’enfuir sur les montagnes voisines, mais plus de deux cents ont été noyés.

La frégate russe la Diane, de 50 canons, sous le commandement du vice-amiral Putiatin, qui se trouvait à bord, était alors dans le port de Simoda avec l’expédition que le gouvernement russe avait envoyée à l’occasion de notre traité de commerce avec le Japon. Immédiatement après la première secousse, toute la masse d’eau du port éprouva de telles perturbations, de telles fluctuations, de tels tourbillonnements que, dans l’espace de 30 minutes, la frégate tourna quarante-trois fois sur elle-même et que ses cordages et ses chaînes s’entortillèrent en nœuds inextricables. Les mouvements étaient si brusques qu’aucun homme ne pouvait se tenir sur ses jambes et que tous éprouvèrent le vertige.

Quand les eaux se furent retirées, la frégate, qui tirait ordinairement 7 mètres d’eau, resta par 2m,65 de fond seulement.

Quand le flot revint, le niveau s’éleva à 10 mètres au-dessus de sa hauteur ordinaire, mais comme l’eau se retira encore une fois, la frégate resta cette fois par 1m,30 seulement de manière que le capon de l’ancre se trouvait hors de l’eau. Le soulèvement du fond de la baie fut si violent, que la frégate, quoique se trouvant encore par 1m,30 d’eau, dérapa et chassa sur ses ancres. Les officiers du bord pensaient voir, à chaque instant, le fond de la baie s’entr’ouvrir, donner naissance à un volcan et les engloutir.

Aussitôt que le bâtiment se retrouva à flot, on s’aper-