Page:Fouqué - Les Tremblements de terre.djvu/315

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« Au moment du tremblement de terre, dit M. Stanislas Meunier, je me trouvais à Nice, rue Delille, à la station agronomique des Alpes-Maritimes. Déjà réveillé et encore couché, j’entendis d’abord, à 6h 43min, comme un frémissement venant de loin, auquel je n’attachai pas d’importance ; il grandit rapidement, prit les proportions du roulement d’une brouette, puis d’une voiture lancée avec une vitesse de plus en plus grande ; il acquit bientôt une intensité épouvantable, rappelant les éclats du tonnerre. En même temps, toute la chambre se mit à vibrer ; les vitres, les portes, ajoutèrent leur note au concert, et sans confusion avec le premier bruit, il y eut quelque chose d’analogue à l’assourdissant vacarme qu’on entend dans un omnibus presque vide. Subitement, mon lit se mit en mouvement, d’abord des pieds vers la tête, puis transversalement, de mon pied droit à mon épaule gauche, et je ressentis une quinzaine au moins de chocs rapides donnés comme avec fureur, alternativement dans deux sens opposés. C’est seulement à ce moment que je me rendis compte de la cause du phénomène ; j’entendis ensemble les cris de la rue, les hurlements des nombreux chiens, la chute des lourds matériaux et le frôlement contre les fenêtres des bambous du jardin, bien qu’il n’y eût pas de vent. Le temps était admirablement pur, la température et la pression élevées, la mer absolument calme. »

M. Perrotin, directeur de l’Observatoire de Nice, décrit comme il suit les sensations qu’il éprouvait au même instant :