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PRÉFACE

Coiffé comme un astrologue, la tête sur une collerette blanche de pierrot, le Clown enluminé risque entre deux coq-à-l’âne les sauts les plus périlleux et sanglote en débitant les fables les plus hilarantes. Disloqué paradoxal, funambule ahurissant, saltimbanque énigmatique, il se montre adroit à ce point qu’il peut suggérer qu’il est gauche, lui si malin qu’il peut — quand il lui plait — passer pour un lourdaud. Bateleur élégant, il pince sans rire. Pitre magique, il se fout du peuple. Comique à froid, il atteint au génie. Et il semble que ce soit lui qui ait écrit l’Épitre falote et balnéaire et inventé ces sardines


Sans voix, sans mains, sans genoux,


et ce journaliste paillard, versificateur et pétunomane qui


                … se gavait de tripe
à la mode de Caen parmi des croque-morts,


et ce vieux saint, cet adorable saint qui subit


                        … deux fois
(Saint de chair et saint de bois)
    Le Martyre pour la foi


Ainsi, Clown, Fol de cour et Satyre, Georges Fourest personnifie les trois êtres prestigieux qui représentent à travers les âges le rire artiste et extravagant.

Le plus singulier de l’histoire, — histoire non naturelle vraiment, — c’est que, dans la vie ordinaire, cet