Page:Fourest - Le Géranium ovipare, 1935.djvu/22

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Madame, j’aurais tant d’allégresse
si vous achetiez ma Négresse !
Monsieur, je vous en dis autant :
je serais vraiment si content
de me vendre autant que Rostand
ou (si ce vœu est trop hardi)
autant du moins que Géraldy !

Je voudrais me faire connaître
afin d’être appelé « cher maître »
par madame Lagourde et ses amis, des messieurs très-
raseurs — mais si fins lettrés,
ma chère ! — et parfois même décorés.
Et je voudrais que tu me lusses,
boniche, petite sœur de sainte Luce,
je voudrais que vous me lussiez,
épiciers, calicots, clercs d’huissiers ;
dût-on me traiter d’hurluberlu,
en vérité, je voudrais être lu
jusque dans Honolulu.
Je voudrais être admiré de ma concierge,
de sa fille que l’on dit vierge
et de son fils qui est tourlourou
je ne sais où, du côté de Châteauroux ;
je voudrais qu’on trouvât mon bouquin dans les gares
avec les journaux et les cigares