Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/8

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règle dans son code passionnel toutes nos relations sociales en mécanisme domestique, administratif et industriel. Il a poussé dans ce code l’exactitude à des détails si minutieux, qu’en les lisant dans le traité de l’attraction qui va suivre, on sera stupéfait de sa prévoyance, de sa générosité infinie à préparer les moyens de satisfaire chacune de nos passions dans tous les raffinements dont elle est susceptible.

La découverte ne pouvait arriver plus à propos, car le globe est inondé de ces pygmées législatifs qui fabriquent des codes pour réprimer les passions. On n’a vu en aucun siècle pulluler si rapidement les constitutions, quoique les civilisés, par leur fatras de constitutions anciennes et modernes, soient amplement convaincus du vice irréparable des lois des hommes, lois qui tombent toujours dans le cercle vicieux et reproduisent constamment les mêmes abus sous diverses formes.

En s’obstinant ainsi contre le témoignage de l’expérience, la raison civilisée doit donner de plus en plus dans les travers, et enchérir d’impéritie sur les siècles obscurs, comme il est prouvé par les scandales récents de l’athéisme et du matérialisme qui complètent dignement les sottises de cette Civilisation toujours ballottée entre la philosophie et la superstition.

Comment cette raison, qui aurait dû se perfectionner en 3,000 ans d’expérience, reconnaître enfin la suprématie de Dieu, la nécessité d’intervention divine en législation ; comment est-elle moins avancée que dans son jeune âge, puisqu’elle a perdu jusqu’à l’espoir de cette lumière dont l’antiquité plus judicieuse implorait et espérait la descente ? Comment la raison moderne s’est-elle égarée dans ses innombrables systèmes, au point d’exciter la risée de ses propres coryphées, tels que Condillac et Bacon, qui la condamnent à refaire son entendement et oublier tout ce qu’elle a appris ?

Eh ! quels progrès a-t-elle fait depuis Condillac ? Elle a produit les théories de fraternité clubique et autres nouveautés de même acabit, dont on peut dire mieux que jamais qu’il faut oublier tout ce qu’on a appris, puisque nos nouvelles lumières aggravent tous les fléaux civilisés : indigence, oppression, fourberie et carnage. La raison est donc de plus belle condamnée à refaire son entendement. On verra à l’extroduction quelle règle elle devait suivre pour atteindre ce but où l’esprit humain ne peut parvenir qu’en se corrigeant du génie simple, en se ralliant au génie composé.

Parmi les vices de la raison sont l’irréligion et l’obscurantisme. L’analyse de leur complicité montrera les ennemis de la religion dans ceux qui se parent d’un zèle fougueux pour elle, et les ennemis des lumières dans ceux qui plaident la cause de la raison. Tant il est vrai que tout n’est que fausseté et travestissement dans les mœurs civilisées,