Page:Fourier - Vers la liberté en amour (extrait Tableau analytique du cocuage), 1975.djvu/22

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servant toujours la sérénité inaltérable à travers toutes les vicissitudes. Et pour compléter l’œuvre, il trouvera, s’il meurt à temps, une cour de Justice qui lui adjugera un posthume un an après sa mort, afin qu’il ne manque pas le dernier grade de l’ordre, qui est celui de cocu des deux mondes [Nº 49].


Nº 63. Cocu d’urgence ou de sauvegarde est celui qu’un dérangement d’affaires ou un danger très grave oblige à fermer les yeux sur certaines fréquentations par lesquelles sa femme pare au péril le plus urgent, fait verser des fonds dans un commerce périclitant, dégage un immeuble menacé d’expropriation et rend maint autre service d’importance assez majeure pour que le tendre époux s’estime heureux de protéger les allures de sa chère moitié. On a vu dans les temps de Terreur beaucoup de cocus de cette espèce qui laissaient en paix manœuvrer leurs femmes et devaient s’estimer fort heureux de sauver la tête aux dépens du front ; car il vaut mieux, dit le proverbe, sacrifier une fenêtre que de perdre toute la maison.


Nº 64. Cocu escamoté est celui dont la femme devenue enceinte pendant son absence, fait un enfant furtivement à l’aide d’un voyage et d’un honnête médecin qui fabrique à point les maladies convenables pour différer le retour. Un tel cocu n’admet ni ne connaît l’enfant ; s’il l’admettait, il rentrerait dans la classe des philanthropes (Nº 54). Mais il échappe au danger principal : il évite l’enfant et ne garde que les cornes, moins coûteuses ; il devient cocu escamoté.


Nº 65. Cocu prudot ou caméléon est celui qui se fâchera contre le tableau, dira que j’offense les mœurs, un tartufe, boursouflé de formules et sentences, hérissé d’anecdotes édifiantes, niant avec éclat les galanteries connues, rabâchant à tout propos sur les principes, feignant d’y croire pour les accréditer auprès de sa femme et des poursuivants. Dans ses conversations