Page:Fourier - Vers la liberté en amour (extrait Tableau analytique du cocuage), 1975.djvu/24

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celui qui a compté sur une belle dot ou des chances de fortune, et qui est floué. D’ordinaire un tel mari est dédommagé par les amabilités de la pauvre femme qui, honteuse de la tricherie de ses parents, tâche de la réparer par ses bons procédés ; mais souvent le mari se pique au jeu, la délaisse, et la force pour ainsi dire à conter ses peines à un discret [ami].


Nº 68. Cocu emplâtré est celui qui, après la noce, découvre quelque infirmité cachée dont on n’avait pas fait mention. Il se dépite et lâche sans façon sa nouvelle moitié. Il porte des plaintes amères ; on lui répond qu’il est bien dédommagé du côté du bon caractère et de l’alliance. Qu’il se contente ou non de la raison, il n’en tient pas moins la femme, qui, dédaignée par lui, trouve encore un galant, car chaque oiseau trouve quelque nid.


Nº 69. Cocu de chronique ou récréatif est celui qui, par l’excès d’aveuglement de ses illusions et de ses duperies, fournit régulièrement au public une pépinière de facéties, un pain quotidien pour les caquets ; il est le pivot de la chronique scandaleuse et se trouve encore le plus fortuné des amants, tant il est vrai qu’il y a une grâce pour les cocus comme pour les ivrognes.


Nº 70. Cocu de miracle est celui dont la femme, après une longue stérilité, rencontre un plus adroit que son mari, et devient enceinte au grand étonnement de tout le monde. Elle l’attribue à quelque neuvaine, ou vœu à la bonne Vierge, ou bien à quelque voyage aux eaux, où elle aura trouvé des moyens prolifiques de plus d’une espèce. Entre-temps, chacun vient complimenter le mari sans lui dire tout ce qu’on en pense ; lui, de son côté, hésite comme saint Joseph et ne sait trop s’il faut rire ou se fâcher : « mon soulci ne se peut défaire » ; partant, il est cocu de miracle et son rejeton est enfant de bénédiction.


Nº 71. Cocu de par la loi est celui dont la femme fait un enfant de contrebande évidente, comme un mulâtre,