Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/17

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MON ENCRIER

qu’on les puisse ignorer. Ceux-là ne figuraient point dans les processions de ces jours derniers, ils n’ont fait aucun bruit et nul n’a entendu leur voix s’élever ni pour applaudir ni pour protester. Ils sont restés silencieux. Mais au moment où vous allez rendre compte au Roi de votre mission, il ne sera peut-être pas sans intérêt pour vous de connaître leur pensée.

Les Canadiens français, Altesse, regretteront profondément que vous ayez cru devoir participer aux fêtes actuelles. Ces fêtes, telles que vous les avez vues, sont un outrage à leur adresse. Ils voulaient célébrer cette année le trois-centième anniversaire de la fondation de Québec par Samuel de Champlain, leur ancêtre. C’était pour eux une fête de famille, à laquelle ils auraient été heureux de convier leurs concitoyens d’origine anglaise, mais à condition de lui conserver son caractère essentiel, qui était la glorification de Champlain. Notre gouverneur, en s’ingérant brutalement dans cette entreprise pour nous y enlever toute direction, et en transformant cette fête de famille en une démonstration impérialiste, en a par le fait même exclu le tiers de la nation.

Nous sommes de fidèles sujets du Trône, nous n’avons aucun sentiment d’hostilité à l’égard de nos concitoyens anglais, et nous serons heureux, lorsque le moment en sera venu, de nous