Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/187

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
MON ENCRIER

dien ? M. Bourassa lui-même vient de nous en instruire : cette folle équipée aura pour nous « des conséquences désastreuses ».

Dès lors, comment ne conclut-il pas, comment peut-il ne pas conclure, lui, l’apôtre de l’« égoïsme national », que nous avions, en l’occurrence, le devoir évident de nous abstenir ? Comment surtout, et quelque intérêt d’ailleurs que, selon lui, nous puissions avoir « au maintien de la France et de l’Angleterre », peut-il venir nous prêcher, au nom de nos obligations « nationales », un effort qui, de toute façon, ne saurait être que d’un secours « peu efficace » à ces nations (c’est lui qui le déclare), et qui nous coûtera, à nous, des désastres ? Si jamais homme s’est rencontré qui fût capable de mieux dire en même temps blanc et noir, j’aimerais à faire sa connaissance.

Quoi qu’il en soit de cette contradiction, comme de toutes celles qui devaient suivre, voilà donc la position que, pour lors, assumait nettement M. Bourassa, soudain passé partisan, comme tout le monde, partisan entier et résolu de la participation. Revenant, la semaine suivante, sur le sujet, il affirme et précise en la manière que voici sa pensée :

Cette définition du « devoir national » de l’heure actuelle, c’est-à-dire le devoir du Canada « de contribuer », etc. (voir plus haut), je l’ai donnée après mûre réflexion. J’y crois aussi fermement qu’aux principes d’ordre général auxquels j’ai consacré le meilleur de ma vie publique.

C’est pourquoi, au risque de me faire accuser de faiblesse