Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/91

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MON ENCRIER

Voilà une scène comme n’importe quel journaliste parlementaire a pu en voir je ne sais combien dans une seule session. Comprenez-vous maintenant ?…

Quelquefois, Billie X*** (ils sauront de qui je parle) ou Jimmie L*** leur procure une « passe » pour leur femme ou pour leur neveu, de Sainte-Madeleine à Saint-Hyacinthe, ou de Trois-Rivières à Batiscan.

Quelquefois, on leur enverra une boîte de Fortunas.

Plus rarement, — mais seulement dans les grandes occasions, — on ira jusqu’à leur payer le dîner (côtelette et vins compris).

Certains d’entre eux, — tel ce gentleman d’en bas de Québec dont le nom est sur toutes les lèvres, ou cet autre des Cantons de l’Est que tout le monde, à Ottawa, reconnaîtra sans que j’aie besoin d’autrement le désigner, — certains d’entre eux reçoivent, par-dessus le marché, des chèques variant de cent à deux mille piastres. — De celui-ci, qui est au mieux avec M. Laurier, chacun vous dira qu’il touche annuellement $5,000 du Canadien-Pacifique, pour rassembler les députés canadiens-français aux heures décisives.

Pourtant, comme je l’ai dit plus haut, les chéquards, chez nos députés, sont la petite exception. La plupart d’entre eux n’émargent à au-