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Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/129

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deux exemples, qu’il fait couramment, et comme en se jouant, du Verhaeren mieux que Verhaeren lui-même, et du Fernand Gregh supérieur au vrai Fernand Gregh.

Après cela, qu’il ait, dans son inspiration même la plus personnelle, une originalité très nettement dégagée, c’est ce qu’il serait exagéré de dire, comme il serait, d’ailleurs, excessif de l’attendre d’un jeune homme de vingt-trois ans. Ce qui par contre à nos yeux n’est pas douteux, si extraordinaire que puisse paraître de prime abord cette opinion, c’est qu’il n’existe pas à l’heure qu’il est, — même en France, — même parmi les Fernand Gregh, les Henri de Régnier, les Edmond Rostand, — un poète qui possède mieux son métier, qui sache mieux faire le vers, et qui, avec un sentiment très vif, encore peut-être qu’un peu livresque, des choses de la nature et de l’art, ait plus d’habileté technique, de ressources et de sûreté de main, que ce jeune Canadien-Français de vingt-trois ans.

   “ Ce jeune Canadien-Français ”, avons-nous dit… À vrai dire, il n’est rien — absolument rien — qui ne trahisse, dans l’œuvre dont nous venons de parler, un homme de chez nous. L’Hellas, la Rome antique, la France du Moyen-Age, celle du XVIIIe siècle, ou celle du xxe, avec son atmosphère, ses paysages, ses monuments, voilà tout ce qui, dans ce re-