glicisme, certes ! rien de plus indiscutable. Qu’il ait presque toujours pour résultat de pervertir à un certain degré le langage des “ « non-Anglais », la chose est, je pense, également évidente. On a vu, même, des écrivains considérables — Henri Rochefort, entre autres, — ne point se mettre en peine d’autres raisons pour justifier leur ignorance des langues étrangères. Ce que je nie, par exemple, c’est que l’usage de l’anglais constitue, en soi, une cause de dépérissement pour les autres langues ; surtout, c’est qu’il suffise, indépendamment de toute autre influence, à expliquer l’extraordinaire degré de deformation auquel, du fait de l’anglicisme, le français en est dès longtemps arrivé chez nous. Si, en effet, cela était, s’il n’y avait d’autre cause à ce débordement effroyable d’anglicismes sur nos lèvres, que notre usage journalier de l’anglais, il en faudrait conclure que tous les hommes qui parlent d’habitude, comme nous, deux langues en même temps, défigurent comme nous, et non moins que nous, leur parler maternel. Or nous voyons clairement par l’exemple de la Suisse, nous voyons aussi (quoique moins bien) par l’exemple de la Belgique, que tel n’est pas le cas. Non que le français en ces pays ait échappé à toute contamination. Loin de là, et l’on sait assez quel inépuisable sujet de plaisanteries c’était pour les Parisiens, avant le mois d’août
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