Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

vous vous trouvez là en présence d’un mal qui se marque non-seulement dans notre langage, mais dans notre esprit, mais dans notre tempérament, dans notre personne physique et dans notre être tout entier ; — d’une affection non point locale et indépendante, mais au contraire qui n’est que le prolongement, sur un point particulier, du trouble profond dont souffre tout l’organisme ; — d’un état général, enfin, d’une diathèse, comme disent les médecins, et non point d’un désordre partiel et isolé. Hé non ! pas un instant cette pensée ne fait hésiter votre plume ou n’effleure seulement votre esprit… Je trouve que c’est admirable !

c) Enfin, une troisième cause du dépérissement de notre langage, non moins importante et non moins « explicatrice » résiderait, selon vous, dans notre indifférence à l’égard de la littérature française, surtout la contemporaine.

Même erreur de votre part ici que toujours, même erreur et pareille méprise sur la nature vraie du problème… Ayant aperçu, cette fois comme les précédentes, deux faits voisins l’un de l’autre — à savoir, en l’espèce ; 1° que nous lisons fort peu les auteurs français contemporains, et 2° que nous parlons incorrectement, — cette fois comme les précédentes vous vous hâtez de conclure, sans plus chercher, que le premier est cause du second. Moi je vous dis au