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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

quinze ans de journalisme, me sont passés par les mains. Eh bien ! je vous le déclare ici sur l’honneur, jamais, de ces diverses difformités du langage que (pour en inspirer davantage encore l’horreur, je suppose) l’on a dénommées Barbarismes, Solécismes, Disconvenances des Temps, Constructions Amphibologiques ou Équivoques, etc., etc., jamais encore, avant d’avoir lu votre livre, je n’avais contemplé nulle part, en aussi peu d’espace, collection tout ensemble plus nombreuse et plus imposante. C’est même là, pour le dire en passant, de tous les mérites de cet ouvrage celui qu’on peut à coup sûr le moins lui disputer : quoiqu’on en puisse penser par ailleurs, il constitue bien incontestablement, de toute façon, le répertoire de fautes grammaticales à la fois le plus complet, le plus instructif et le mieux agencé qui ait encore été publié. C’est par là tout d’abord qu’il s’impose à l’attention, c’est là ce qui en fait l’intérêt propre et lui donne, en même temps, son utilité la plus certaine. « Si j’étais ministre de n’importe quoi », écrivez-vous (p. 68), « je ferais servir d’office ce Bulletin (le Bulletin du Parler français) à tous les instituteurs et institutrices du pays, et j’assènerais même une amende à quiconque n’en couperait pas mensuellement les feuillets. » Voulez-vous que je vous dise ce que je ferais, moi, si j’étais ministre ? Non-seulement j’a-