Et si jamais, traversant ma patrie,
Tu viens baigner, après quelques détours,
Cette terre hélas ! si chérie,
Où j’ai vu naître, avec mes premiers jours,
Mes sentiments pour Marie,
Ô ruisseau fortuné ! ralentis un moment
Le cours impatient de ton onde incertaine ;
Va soupirer aux pieds de celle qui m’enchaîne.
Et porte-lui les vœux du plus fidèle amant.
Voilà un échantillon du « romantisme » de Joseph Quesnel ! Nous lisons à la page suivante que
Joseph Quesnel s’est aussi essayé dans la poésie didactique. Non pas qu’il ait entrepris, en ce genre, un long poème ; il a voulu tout simplement donner « aux jeunes acteurs » qui en notre pays se mêlaient de jouer la comédie quelques conseils pratiques. Or l’on sait que la poésie didactique est peut-être de toutes les sortes de poésies que l’on peut faire, celle qui fatalement et par la nature même des choses se rapproche le plus de la prose. Les cours et conférences en vers sont rarement pénétrés d’une flamme vive d’imagination et d’enthousiasme. Tous les professeurs ne sont pas des Lucrèces. Ce que l’on doit donc exiger de ce genre de poésie, ou du moins ce que l’on y rencontre d’ordinaire, c’est une versification aisée, une élégance harmonieuse, une pensée claire et limpide ; et ce sont les qualités que Joseph Quesnel réussit à faire passer dans ses tiers.
À preuve :
Acteurs, pour réussir voici la règle sûre :
Observer, imitez, copiez la nature ;
Examinez surtout quelles impressions
Produisent sur les traits toutes les passions ;
Afin, selon le cas, qu’en votre personnage
Vous puissiez sur cela mouler votre visage.
....................
....................
Je sais que plus touchant le ton de Melpomène
Veut qu’avec dignité l’on parle sur la scène ;
Toujours triste, éperdue, la tragédie en pleurs
Se plaît dans les alarmes et vit de ses douleurs ;
Mais sa joyeuse sœur, de sarcasmes nourrie,