Notre critique a des formules — assez courtes, d’ordinaire, heureusement, — dont, à chaque occasion qui s’offre, elle remplit les blancs du nom d’un auteur et du titre de son ouvrage. Quand ces belles choses ont été écrites, que voulez-vous qu’on ajoute ?
Et c’est pourquoi on doit reprocher moins à cette prétendue critique de parler stupidement que d’étouffer, par son chahut innommable, la voix de ceux qui pensent et qui savent ce qu’ils disent.
⁂ On n’écrit pas pour soi-même seulement. On
écrit pour les autres. Pour qu’il y ait des
écrivains, il faut qu’il y ait des yeux qui
s’aperçoivent de leur existence, des esprits qui
s’intéressent à leurs œuvres. Et, parmi ces
esprits-là, il doit y en avoir qui se fassent les
interprètes de tous pour exprimer, sur l’écrivain
et sur l’œuvre, le sentiment général
des gens de goût. En d’autres termes, il doit
y avoir des critiques.
La littérature dépend absolument de la critique. Là où il n’existe pas une véritable critique, vous chercherez en vain une littérature.
Cela explique qu’il n’y ait pas de littérature canadienne-française.
Il n’y a pas de littérature canadienne-française. La chose ne se discute pas. Il faut en effet se faire une rare conception des choses pour appeler littérature la collection lilliputienne des ouvra-