nent au loin les Cévennes et les Alpes. C’est à ces montagnes que sans doute Avignon doit son climat privilégié. À quelques arpents, cette large rivière qui s’enfuit, c’est le Rhône, le plus beau des fleuves de France… De partout s’élèvent des chants d’oiseaux dans le soleil. Et une brise tiède qui souffle nous apporte, des champs et des bois voisins, du fleuve et des collines, comme une immense odeur, faite du parfum mêlé de la verveine, du romarin, de la violette, du thym, des jacinthes… une odeur capiteuse et enivrante, comme la musique et comme l’amour.
À nos pieds s’étend la ville, toute de la même couleur imprécise et vague, et dont on ne saurait dire au juste si elle est grise ou blanche ou rose… avec seulement quelques toits rouges par-ci par-là.
Et sur tout cela, une nappe immense, un océan de lumière, de lumière blanche, tellement diffuse, tellement abondante, qu’elle semble émaner des objets plutôt qu’elle ne paraît les éclairer. Et tout ceci n’est pas très facile à expliquer : dans nos climats du Nord, c’est le sol, ce sont les maisons, qui tout d’abord attirent l’attention ; et la lumière ne vient là que pour les éclairer ; dans le Midi, au contraire, la lumière, au lieu d’être l’accessoire, semble être le principal, — semble être tout. En vérité,