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Page:Fournier - Souvenirs de prison, 1910.djvu/11

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Le journalisme mène à tout, proclamait un jour M. Prud’homme. Tour à tour reporter à la Presse, rédacteur au Canada, puis au Nationaliste…, l’auteur de ces lignes a pu vérifier tout à son goût l’exactitude de cette parole. Le journalisme l’a mené tour à tour à la cour du recorder et à l’archevêché, aux conférences littéraires et aux cérémonies religieuses, — dans les maisons hantées, les cabinets de ministres, les parlements de Québec et d’Ottawa, l’hôtel de ville de Montréal et autres mauvais lieux.

Le journalisme l’a même conduit un jour en prison pour son compte personnel. Charmant souvenir, dont il demande la permission d’entretenir un moment le lecteur.

I

Le départ pour les Plaines.

C’était le 12 juin 1909, à Québec.

Le matin même avait comparu, devant M. François Langelier, juge en cette ville, le dénommé Jules Fournier, journaliste, « des cité et district de Montréal », accusé d’avoir publié contre ledit juge un article diffamatoire. Procès plutôt sommaire. À dix heures M. Langelier montait sur le banc ; à midi l’avocat du défendeur avait terminé sa plaidoirie ; à une heure le demandeur prononçait son jugement : trois mois de prison sans appel…

Une demi-heure plus tard, je partais pour la prison. On avait bien voulu me faire grâce du